Passer 2000 ans sans bouger un cil, sentir son corps vivre sans pour autant se mouvoir, sans pouvoir se nourrir, sentir ses muscles et organes se figer dans votre propre flux vitale pour vous calcifié comme le fossile d'un squelette animal, n'être plus capable de sentir l'air, le feu, l'eau, la terre vous recouvrir, n'être capable que d'une seule et unique chose, penser, songer, élaborer aux sons de la nature changeante autour de vous, au rythme incalculable du nombre de perles de pluie s'étant échouées dans une flaque au pied du tombeau durant deux millénaires. Ne faire que retourner mille fois les mêmes pensées dans un crâne figé sous une rocaille qui n'est autre que votre peau flétrie et durcie par les siècles et les siècles s'étant écoulés, des songes devenant au fil du temps plus sombres, plus amers, jusqu'à entendre des voix, ouïr des battements de cœur alléchants autour de vous... Ces organes pulsants je les entendais parfaitement sans pouvoir ouvrir les yeux, sans connaître leurs traits, je parvenais néanmoins à les faire avancer vers ma tombe depuis qu'ils avaient posé pieds sur cette île perdue en bordure d’Écosse, un endroit où elle pensait qu'on ne me trouverait jamais. Dans ta folie Qetsyha, tu as oublié une chose primordiale, tout ce qui est caché ressurgit un jour ou l'autre, le temps était donc venu pour moi, lorsque le voile entre ton monde et celui dans lequel j'étais prisonnier, et le suis encore d'ailleurs, s'est effondré, j'ai enfin pu connecter mon esprit au monde extérieur et jouer avec ces dons que tu dois encore désirer m'ôter pour t'avoir trahis... tes chasseurs n'ont pas eu raison de moi, ils ont simplement servi de carte au trésor, lorsqu'ils sont entrés ici, du moins l'un d'eux, auquel je ne pouvais rattacher mon esprit, s'est approché assez près pour tenter de dérober ton fameux remède dont je n'ai jamais voulu pour le savoir capable de me livrer à toi et non pas à ce que je désirai. Dans un geste malheureux, tandis que j'entendais ce groupe humains s'amonceler dans ce que tu croyais être ma dernière demeure, cette pauvre entité fragile s'est écorchée le poignet, il a suffi d'une goutte de sang, deux, trois, quatre, assez pour que je délivre lentement mes doigts à cette boîte antique que j'emprisonnais fermement depuis le début de mon tourment. Cette créature s'en ait saisi, ses éclats de voix firent rire les autres humains, ils ne rirent pas longtemps lorsque, pour la première fois de ma vie, pour la première fois depuis deux millénaires, je plantais mes crocs dans l'aorte pulsante et chaude de ton chasseur dont la marque fila peu à peu au plus la mort en aube noire venait l'arracher aux dernières brides de sa misérable existence de servitude en ton nom.

Ils ont tous fuit, une unique personne était là, une femme, ni sorcière, ni humaine, elle n'était pas avec ces hommes, du moins, elle ne m'a pas paru être présente auprès d'eux de son plein grès. Son cœur ne battait plus, cependant cette lueur jaune aux creux de ses yeux m'a fait sourire, une nouvelle race avait-elle vu le jour durant mon songe désormais derrière moi? J'ai infiltré son esprit sans qu'elle ne se rebiffe, avait-elle le choix me diras-tu? je ne pense pas non, elle m'a sorti de cette île, m'a appris les subtilités d'un monde merveilleux qu'il me plait de fouler sans toi, je vais chercher ton remède, je vais faire en sorte que jamais personne ne le retrouve car il servira à un autre but que celui de me rendre cette enveloppe humaine que tu désires tant voir souffrir auprès de toi. D'après la fille, mes traits sont aussi ceux d'un jeune homme, lorsqu'elle m'a hélé par son prénom la première fois, je ne l'ai pas contrarié, elle semblait le connaître sans en être proche pour autant, mais ce Stefan me servira surement, un vampire, un éternel, un fait étrange qu'il puisse arborer mon visage, mais je tacherai de comprendre quelles raisons subtiles t'ont poussé à engendrer un double de moi. Serais-tu folle à lier au point de te languir de moi Qetsiyah, où ressens tu le manque cuisant de ma présence t'envahir? si tel est le cas je me ravi de ta souffrance, souffre comme j'ai souffert durant cet interminable voyage de pensées, souffre encore car jamais tu n'auras ce que tu désires, j'exploserai tes créations, je ferai en sorte que plus rien ne subsiste de ta magie ici bas, plus rien hormis moi...

Certains se plairont à me nommer le fléau, d'autres encore vampire millénaire, comme si je n'étais qu'un vase antique dans lequel les organes embaumés par un flux magique sont parfaitement conservés. Vampire, buveur de sang, dévoreur de veines, tout cela n'est qu'un trait de ma personnalité, les vrais créatures que l'on nomme ainsi ne sont pas comme moi. Je ne peux me livrer dans une course palpitante comme eux le font, je nécessite uniquement de ce liquide écarlate pour vivre et ne plus redevenir une roche sans plus de force. La force est aussi un des mes atouts, au plus je me nourrirai, au plus elle sera exploitable, mais mieux encore, ce sont les capacités terribles que j'ai affuté en songeant durant ces siècles d'un sommeil qui n'en était pourtant pas un à proprement parler. Je peux contrôler une centaine de personnes en un simple regard, en de simples mots, je peux m'infiltrer dans leurs têtes et savoir ce à quoi elles pensent, ce qu'elles désirent, leurs craintes et leurs pires torpeurs, je peux les utiliser comme de vulgaires sujets et m'en servir à ma guise. Je suis capable de me régénérer lorsqu'on m'inflige quelques blessures, je peux mourir indéfiniment sans jamais rejoindre l'autre côté dans lequel elle s'impatiente, rien ne peut me tuer hormis ce remède. Je suis comme qui dirait plus médium que vampire, unique en mon genre, ma personnalité est restée la même, il y a uniquement de cette saveur amère en moi, elle coule dans mes veines et m'invite à opérer uniquement dans mon intérêt, plus rien ne compte, plus rien ne comptera bientôt plus. On peut m'infliger les pires supplices, je me relèverai plus fort encore, plus déterminé, plus vile et sanglant afin d'atteindre mon unique but, créer un monde à mon image dans lequel ses créatures n'auront plus leur place.

Tiens tiens tiens... Pourquoi je sens que je suis pas prêt d'avoir la ville à ma botte? xD Bienvenue Silas!