Amélia Travis voit le jour en 1856 dans une famille aisée originaire d’Angleterre. Son père Conrad Travis est un homme de poigne, puissant tout autant en force qu'en statu au sein du village qu'il mène à la baguette sous son rôle de maire. Sa mère, Adélaïde Valère, française de souche, est une personne douce et aimante, l'exacte inverse de son époux à qui elle dut s'unir deux ans plus tôt pour venir en aide à sa propre famille restée en France. Un mariage arrangé, Conrad trouva la belle brune à son goût lors d'un voyage en France et même si elle n'était issue d'une riche lignée, il profita du manque de ressources des proches de la demoiselle pour exercer son influence. Ainsi, leur promettre de les éloigner du besoin fut acceptable pour le père Valère qui donna son unique fille, sœur de quatre garçons, à cet homme contre une somme d'or considérable. La jeune femme sera contrainte de suivre Conrad loin des siens, dans une bourgade reculée près de Londres et deux ans plus tard, malgré un amour inexistant pour son mari, lui donnera une fille qu'elle prénommera Amélia comme sa propre mère. Malgré la naissance de son enfant, Conrad voit d'un mauvais œil que son épouse ait pu mettre au monde une fille, il ne s'occupera jamais d'elle et préfèrera voguer entre mains jupons le temps que sa femme, jadis belle comme le jour, ne redevienne à une image plaisante. Adélaïde prit rapidement conscience de ce fait, elle ne fit donc pas d'efforts concernant son image, ainsi Conrad ne posait plus les mains sur elle et elle pouvait éduquer son enfant avec amour.

La jeune mère, à peine âgée de dix huit ans, reportait toute son attention et sa bienveillance sur la petite fille qu'elle adorait bien plus que sa propre existence, ainsi Amélia grandit sans encombre, jusqu'à ce que l'absence d'un père se fit ressentir. Malgré l'adoration de sa mère, la petite fille de six ans s’ennuyait et préférait se reclure dans sa chambre que de jouer avec les enfants de son âge. Cette passade ne fut que de courte durée, alors qu'elle prenait enfin un peu plus d'assurance auprès de ses semblables, un soir, son père décida de fuir l'Angleterre et leurs terres pour faire fortune aux Amériques. La famille suivit donc la nouvelle lubie de Travis qui ne ménagea pas son épouse durant le long voyage en bateau, l'absence de femmes attrayantes sur ce dernier fit qu'il ne put s'empêcher d'exercer ses pulsions primaires sur la mère de son enfant. Cloitrée dans la pièce voisine, Amélia entendit alors les cris de douleurs et de supplications de celle qu'elle aimait, les mains crispées aux bordures de sa petite robe, les ongles encrés dans sa peau blanche, plusieurs soirs de suite elle se fit saigner les paumes, maudissant l'homme qui était pourtant son géniteur. Le voyage fut long jusqu'à ce port où le bateau accosta avant qu'ils ne soient menés en calèche jusqu'à la fameuse propriété que Conrad convoitait. Une immense demeure, "A mon image d'homme de pouvoirs!" Clamait-il alors qu'ils pénétraient la battisse avec quelques domestiques embarqués avec eux. Une maison considérable au porche blanc, située dans une ville nommée Mystic Falls peuplée de visages inconnus, malgré la beauté des lieux, le cauchemar qu'avait vécu l'enfant durant la traversée l'avait hautement marqué, jamais plus elle ne put river ses yeux noisettes dans le brun de ceux de son père sans serrer les pans de sa robe à s'en faire saigner.

Neuf mois plus tard naquit un fils, un petit frère que ses parents nommèrent Ludwig, Amélia fut ravie et aima de suite ce petit être qu'on lui présentait comme son semblable, un membre de sa famille, un être fait de la même chaire et du même sang. Cette fois, Conrad fut plus docile avec leur mère, elle lui avait offert ce qu'il voulait obtenir depuis la naissance de sa fille, pourtant, même s'il se radoucissait avec le garçonnet, il n'en demeurait pas moins froid et tranchant avec les deux présences féminines de la maison. Peu importait désormais, Amélia préférait reporter son amour sur son unique famille, Ludwig et sa mère.

Les années passèrent alors, les deux enfants grandirent encore sans qu'aucun problème d'argent ne trouble la famille, ils ne se nouèrent d'amitié avec aucun des jeunes de leurs âges et préféraient s'occuper l'un de l'autre. La jeune Amélia avait alors vingt ans et protégeait son petit frère comme une louve veillerait ses petits. Elle dut d'autant plus le faire lorsque leur mère tomba gravement malade, une maladie incurable d'après le docteur qui vint l’ausculter. Adélaïde ne quittait donc plus le lit et l'unique fille de la fratrie devait gérer les corvées, s'occuper de la maison et ce malgré les domestiques présents. Trois ans plus tard, affaiblie et ne pesant plus grand chose, leur mère les fit appeler dans sa chambre pour leur dire adieu, elle mourut alors sans que son époux ne soit venu la veiller une dernière fois. Les deux enfants furent anéantis et bien plus la jeune femme qui voyait en sa mère le modèle qui l'aiderait à devenir une personne exemplaire. Ludwig restait proche de Conrad, ce dernier lui apprenait à gérer du personnel et à ne pas prendre en compte les jérémiades des plus faibles, il tentait de faire de lui "Un homme" comme il aimait le dire. Durant sept ans, Amélia servit sa famille sans dire mot, profitant du peu de présence de son frère qu'elle voyait devenir un beau jeune homme, bientôt, leur père lui trouverait une fille à marier et il prendrait son envol, alors qu'elle resterait ici à tout jamais, attendant la mort d'une pourriture qu'elle ne pouvait plus voir en peinture. Malgré ses craintes, Ludwig préférait rester près des siens que d'épouser la jeune femme que son père lui présenta, mais l'avenir fut bien différent de ce qu'Amélia avait envisagé pour eux : Une fuite possible pour vivre à leur guise.

Elle était âgée de 29 ans, à trois mois d'en avoir trente, lorsqu'elle fit la rencontre qui bouleversa son sombre petit monde, lui, cet homme au regard bleu, au charme affolant, un être raffiné qui faisait battre son cœur, un cœur qui n'avait jamais pulsé de cette façon : Sean Stevenson. Il devait avoir environ son âge, si ce n'était un petit peu plus, mais dieu qu'il était attirant, elle aurait rapidement donné sa vie pour que lui vive. Il semblait qu'il la désirait et voulait la sortir de cette famille ignoble, faire d'elle une épouse aimée et choyée, il disait même qu'ils emmèneraient son frère pour qu'il ne soit plus sous l'influence de leur père. Un soir, il la fixa droit dans les yeux, lui promettant la lune, lui parlant de sa propriété dans une ville grandissante, il lui demanda de lui faire confiance, elle le fit les yeux fermés, comme si elle n'avait plus conscience de quoi que ce soit lorsqu'elle était auprès de lui. Sean approcha donc le poignet frêle de sa compagne à ses lèvres puis la mordit, prétextant qu'il n'y avait pas de meilleur manière de sceller un amour que celle-ci. Envoutée, la belle sourit, puis à son tour le jeune homme s'ouvrit les veines et lui fit gouter au sang qui pulsait dans ses veines. "Je t'aime réellement Amélia, même si cela fait peu de temps que nous nous connaissons, j'ai eu un coup de foudre dira-t-on, tu comprendras donc mon geste plus tard... Mais je ne serai plus là lorsque tu prendras conscience de ce que tu es devenue, je dois partir car les miens sont traqués. J'espère te retrouver dans les années qui suivront et que tu m'aimeras toujours autant." Il l'embrassa et conclut alors. "Une fois réveillée, trouve ton frère, fait de lui ce que tu seras, comme je vais le faire avec toi, n'oublies rien de mes actes sur ta personne c'est important! Puis, tu trouveras cette femme étrange dans les bois près du village, utilise ton don sur elle et force la à vous créer deux bijoux, portez les en permanence!" Sur ces derniers mots, alors qu'elle pouvait se sustenter de son souffle sucré et chaud contre son cou, il lui planta un dague dans le ventre et la laissa mourir dans ses bras...

Lorsqu'elle reprit ses esprits, sa robe tachée de sang, Amélia ne le vit plus et repensa immédiatement à ce qu'il lui avait dit. Ses mains cherchèrent d'abord la blessure qu'il lui avait causé, mais aucune trace n'en subsistait. En revanche, une étrange brulure lui ravageait la gorge, elle devait boire, mais pas n'importe quelle mixture, c'est en concentrant son ouïe, étrangement plus développée, qu'elle entendit les pulsations d'un cœur et comprit alors que la soif qu'elle devait étancher était celle du sang. Que lui arrivait-il? Ses souvenirs s'en mêlèrent ensuite, elle se rappelait les yeux de Sean, il l'avait envoutée avant de lui faire boire son sang, uniquement pour qu'elle se remémore que faire, que faire pour survivre et ainsi échapper à son existence et sans doute le retrouver mais où? Pour le moment, si elle voulait avoir une chance de revenir près de lui, elle devait suivre ses conseils. Elle rentra alors chez elle, son frère était là, pourtant, elle contint encore son envie d’hémoglobine et se rendit dans le bureau de celui qu'elle désirait faire souffrir plus que tout au monde. Son père la fixa lorsqu'elle entra, sa tenue ensanglantée l'alerta à tel point qu'il bondit de son fauteuil avant qu'elle ne plante ses crocs dans sa gorge tendre, il était un salop sans vergogne, en revanche son sang avait un gout exquis, elle le vida de l'entièreté de ce dernier et laissa choir le cadavre sur le parquet avant de rejoindre Ludwig. Son petit frère fut sans doute effrayé, mais elle ne lui laissa pas le temps de comprendre et l'hypnotisa pour qu'il soit plus docile, elle s'ouvrit ensuite les veines et l'abreuva de son sang, puis l'instant le plus déchirant de sa vie arriva, empoignant les visage de cet être cher, elle lui brisa la nuque et attendit son réveil. Il se nourrit ensuite comme elle l'avait fait et tout deux se rendirent chez la veille dame des bois, Amélia se servit de son don et la contraignit alors à créer les bijoux. Deux bagues de lapis lazuli virent le jour en peu de temps, cependant, ils durent attendre le lever du soleil pour que le sortilège qu'elle lança aux chevalières soient efficaces. Une fois les pierres aux doigts, la belle Travis sortit la première, constatant alors combien son aimé avait fait pour sa protection, elle ne lui en était que plus redevable. L'hypnose ne dura pas plus sur la vieille dame qui comprit alors ce qui lui arrivait, elle tenta de psalmodier quelques mots, trop tard, Amélia lui plantait le cœur au bout d'un coutelas, ils savourèrent son sang et quittèrent Mystic Falls.

Ce n'est que quelques années plus tard, lorsqu'elle fit la rencontre d'un des frères Salvatore, nommé Damon, qu'elle apprit que celui a qui elle avait donné son cœur n'était plus. Depuis la belle n'a plus de raison d'être douce et ne vit que pour elle, profitant du don que Sean lui a fait pour jouir d'une existence immortelle, se nourrissant d'innocents, se plaisant à tourmenter les autres, elle ne protège et veille que son frère. En 2013, après des lustres de meurtres et de recherches pour ramener celui qu'elle aime à la vie, la jeune femme apprend qu'il est fort probable qu'il ait péri dans la ville où il l'a transformé. Elle retourne donc à Mystic Falls avec la ferme intention d'aboutir à son plan. Une fois sur place, elle et son frère retournent sur leurs terres, une famille y vit, ils se présenteront comme d'anciens propriétaires, l'homme qui ouvrira les laissera entrer, l'erreur qu'attendait la belle. Travis éliminera les membres de cette fratrie un à un avant de faire disparaître les corps, faisant croire à un déménagement éclair en hypnotisant quiconque posera des questions, elle se fera passer pour la jeune femme ayant racheté la demeure. Pourtant il y a encore une ombre au tableau, le fameux Damon Salvatore sait qui elle est et elle ne le laissera pas lui nuire ni à elle et surtout pas à son frère...

Autrefois serviable et aimante envers les deux seuls êtres qu'elle considérait comme sa famille, à savoir son frère et leur mère, la belle n'a jamais estimé son père, pire encore elle n'a apprécié chez lui que le sang qui lui a permis de s'abreuver et ainsi achever sa transformation. Désormais, son cœur de glace pulse aux rythmes de ses envies de carotides, elle n'a cure du bien ou du mal, étant elle même une créature maléfique, comme aiment le dire les biens pensants, Amélia ne redoute rien, ne craint rien, hormis l'ennuie. Lorsque cette sensation s'installe en elle, la brune est capable de monstruosités sans égale pour passer ce cap qu'elle nomme "Caprice de sang", les mots définissent parfaitement les actes qu'elle commet pour arborer, à nouveau, un sourire enjôleur sur ses lèvres charnues. On la voit comme égocentrique, égoïste parfois, très calculatrice -n'allez pas imaginer qu'elle vous prête main forte sans servir ses intérêts- cynique, elle aura toujours la phrase cinglante qui vous blessera là où il faut. Carnivore elle n'a jamais dû ni voulu se nourrir de sang animal, elle s'abreuve à la source même : la gorge tendre d'un humain, de préférence jeune, l’hémoglobine trop âgée l’écœure bien qu'elle n'ait parfois pas le choix, quelques poches de sang confectionnent ce qu'elle appel sa "cave à grands crus". Au delà de cette facette charmante et de ce caractère froid et cinglant, se cache, malgré tout, l'estime qu'elle porte encore à une unique personne en ce monde, son petit frère, qu'elle a elle même transformé et n'a cessé de protéger tout au long de ces années. Amélia et lui ont écopé d'une renom peu recommandable et portent, dans la bouche des humains conteurs de légendes, le surnom de "corbeaux", en référence aux meurtres qu'ils commettaient sans laisser aucune carcasse, hormis le sang des victimes, sur les lieux.